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Arrêt cardiaque...
--> Ce que j'ai oublié de dire
C'est que j'ai juste eu un léger arrêt cardiaque à mon retour à la maison. Je vois affiché sur mon écran de PC un message de Skype: " P. & R. voudraient faire partie de la liste de vos contacts". Le genre de message que j'efface automatiquement car il y a des relouds qui confondent Skype et Meetic et qui m'envoient des alertes tous les jours pour faire partie de mes contacts. Bref, je m'apprête à cliquer sur "leur interdire de me contacter" quand je relis le nom de la personne... Et là, je bloque. Un GROS doute s'empare de moi. Serait-ce possible? Je clique sur l'icône "information", et là, je vois "P. et R., Chili, X (nom de famille)".... Et tout-à-coup, le doute n'est plus. R. ... Pour comprendre pourquoi j'ai eu un arrêt cardiaque, il faut remonter à cette nuit du 15 frévrier 2000. Aéroport de Mombasa, 19h00. L'avion en partance pour Paris via Nairobi est annulé, problème technique. On nous annonce que nous allons être logés dans un hôtel pour la nuit et que nous partirons le lendemain matin. Je grogne un peu, une fois que les valises sont faites et que j'ai fait mes adieux, j'ai envie de partir. Bref, ce n'est pas la fin du monde, nous voilà, mon père et moi, en train d'attendre le mini-bus qui nous emmène à l'hôtel. Et là, parmi les 8 autres personnes qui attendent, se trouve un jeune homme, charmant, accompagné d'une dame qui semble être sa mère et d'un couple d'amis. Ils parlent tous anglais mais je ne parviens pas à savoir d'où ils sont, je ne reconnais pas leur accent (pas Exilandais en tout cas). Nous échangeons des regards, mais rien de plus. A l'hôtel, on procède au check-in, puis un mec arrive pour nous accompagner dans nos chambres. Il appelle plusieurs chambres, dont la mienne, celle de mon daddy et celles du jeune homme et de sa mère. Nous le suivons à travers les millions de bâtiments de l'immense complexe hôtelier. Personne ne parle, on le suit. Il s'arrête devant une chambre, c'est celle de mon père. Puis la mienne. Dans mon for intérieur, je rumine, je ne saurai donc pas où est sa chambre à lui (simple curiosité, je ne suis pas du genre à aller frapper à la porte d'un inconnu). Mais lui sait où je suis. Le temps d'ouvrir la porte de ma chambre, je me retourne, il se retourne. Regard. Puis, je vois sa mère s'arrêter à la chambre à côté de la mienne. J'en conclus qu'il est à celle d'après. Je ressors de ma chambre 15 mns après pour aller dîner avec mon daddy. Je m'attends à le voir au restaurant. Personne. Puis, au moment où je me lève chercher le dessert, le voilà qui arrive. Regard. Nous finissons de manger, puis allons téléphoner à V. pour la prévenir. Je le croise en repartant vers la chambre. Regard. La nuit passe. Personne ne vient toquer à la porte. Je me dis que c'est mieux comme ça. Je me lève le lendemain, vais petit-déjeuner. Personne. Je remonte à ma chambre chercher mes affaires et là, boum, je le croise dans le couloir. Regard. Mais pas seulement. Lui: "hi, how are you?" Moi, rouge comme une tomate, (déjà pas dégourdie! Tiens, je me demandais la dernière fois depuis quand j'étais pas dégourdie... Déjà à cette époque, alors. En fait, j'ai jamais dû l'être!): "vhoihdodifbjvldbnnv" => comprenez "Fine, thanks, and you?" . Sauf que lui n'a pas su déchiffrer mon language (au demeurant incompréhensible, je suis d'accord) et me regarde un peu bizarrement. Je me hâte de rentrer dans ma chambre, j'ai honte! Je respire, bois de l'eau, rejoue la scène10 fois d'affilée dans ma tête et me rends compte que j'ai fait n'imp', puis me résouds à quitter ma chambre, l'avion m'attend. Je monte dans le bus, le cherche du regard, personne. Tant mieux en un sens, j'suis pas super fière de moi. Je tourne la tête, regarde par la fenêtre en même temps que le bus démarre, et je le vois, sur le trottoir, me regardant et me souriant. Le bus s'en va, il me fait signe de la main. Arrivés à l'aéroport, nous enregistrons tout-de-suite les bagages et allons nous asseoir dans une salle un peu isolée, pas là où tous les gens attendent. Le temps passe, nous n'entendons personne nous appeler pour l'embarquement: on commence à s'inquiéter. Mon père me propose d'aller nous asseoir dans la salle principale où tout le monde squatte. J'accepte, après tout, je pourrais peut-être ainsi voir mon inconnu. Pas de chance, je scanne la foule, il n'est nul part. Et il n'y a plus de places pour s'asseoir. Nous décidons donc de retourner patienter dans notre salle tranquille. Et là, qui est assis EXACTEMENT aux places où daddy et moi étions assis 3 minutes plus tôt: mon inconnu et sa mère!!!!!! Je bloque. Il me voit. Regard. Sourire (je rougis, détourne le regard). Mon père n'a évidemment pas la moindre idée de ce qui est en train de se passer, et s'asseoit donc tout naturellement juste en face d'eux. Je fais de même, hyper gênée. Je lève la tête, il me regarde. Sourire.Je baisse les yeux. Je mets mon walkman (à l'époque, je n'avais pas encore mon MP3), me concentre tant que je peux sur ma musique. Je lève discrètement les yeux. Il me regarde. Sourire. Je baisse les yeux. Une demi-heure se passe comme ça, pendant laquelle je lève les yeux, croise son regard, on se sourit, je baisse les yeux, attends 2 minutes, lève les yeux, croise son regard, on se sourit, je baisse les yeux, attends les 2 mns réglementaires,je lève les yeux, on se regarde, on se sourit, je baisse les yeux, etc . Nous sommes appelés en salle d'embarquement. Mon père se lève et part en trombe dans la salle d'embarquement. Je le suis à contre coeur. Regard. Sourire. Je vais rejoindre mon daddy, m'assieds à côté de lui. Mon inconnu arrive alors avec sa mère, et s'assied plus loin, mais dans mon champ de vision. Notre petit jeu reprend, à intervalle rapproché cette fois-ci... jusqu'à ce qu'une grosse hollandaise vienne s'asseoir au milieu de nous deux et obstrue mon champ de vision. Heureusement, elle ne tient pas en place, bouge, remue tout le temps. Autant d'occasions pour des regards et des sourires. Il est temps d'embarquer. Je m'approche de la porte avec mon père quand ils font une annonce en anglais au micro. Perdue dans mes pensées, j'écoute à moitié ce qu'ils disent. Quand je sens tout à coup quelqu'un me toucher le bras. Je me retourne. Qui est là? Sa mère ! "What did they just say?", je m'apprête à lui dire, dans mon plus bel anglais, à quel point je suis désolée mais je n'ai pas entendu ce qu'ils ont dit mais que je peux aller me renseigner si elle le souhaite, quand mon inconnu vient se mettre à ses côtés et me regarde intensément en souriant. Et là, bien sûr, je réponds: "vhfnioecufzopsmdcfkmlZFK<LVJbvdfhoibvhfvoi", tousse un peu, et pars sans demander mon reste. Je m'asseois dans l'avion et, saisie d'un optimisme fou, me dis que nous allons embarquer à Nairobi dans le même avion, un vol long courrier en partance pour Amsterdam, et que durant ces 8 heures de vols, je trouverais bien un moyen de me rattraper. Tous les gens qui vont à Nairobi doivent récupérer des vols pour l'Europe. Avec l'annulation de notre vol la veille, nous prenons tous le même avion, nous sommes ainsi tous envoyés à Amsterdam, puis dispatchés vers nos pays respectifs. Je lève les yeux. Il passe dans le couloir. Regard. Sourire. Vol Mombasa-Nairobi sans encombre. Transit à Nairobi. Je sors en premier avec mon Daddy et nous nous dirigeons vers le terminal international. Comme tout le reste de l'avion. Du moins, c'est ce que je croyais... Quelqu'un m'attrape le bras. Et cette fois-ci, ce n'est pas sa mère. Lui: "it was really nice to meet you" et me tend un bout de papier. Moi: "cigrruiyghthslkdgjlkvjlregjujnv", prends le bout de papier, et le regarde s'éloigner dans la direction opposée à la nôtre. Et là ma tête et mon coeur se mettent à hurler: Mais, tu vas où comme ça? Amsterdam, c'est par là. Oh, oh... Pourquoi tu t'en vas? Je devais te montrer dans l'avion à quel point je suis une fille géniale qui sait parler en réalité! Mais, attends, reste, c'est par là qu'on va. Qu'est ce que tu fais?!! Bien sûr, vu de l'extérieur, ça donnait une débile plantée au milieu de la piste, sans voix, complètement hébétée par ce qui venait de se passer, avec son père auprès d'elle lui demandant 10 fois de suite ce que voulait le type qui venait de l'accoster. Sur le papier, deux mots griffonnés à la hâte, et une adresse email... Fin du voyage sans histoire (euh, quoique, ma valise est restée coincée à Amsterdam, et il a fallu attendre le lendemain pour la récupérer, mais c'est une autre histoire). Perdue dans mes pensées, le plus rapide long courrier que j'ai jamais fait. Retour en France. La fac, les amis, les sorties... la vie continue, suit son petit bonhomme de chemin. Deux mois passent. Jusqu'au jour où mon meilleur ami, à qui j'ai évidemment raconté cette histoire, me crée de force une adresse email. Je n'ai plus d'excuse. Et puis, envoyer un email, écrire sur internet, ça, je sais faire... Je m'exécute, donc, et lui envoie un petit mot: "salut, remember me?". Trois jours plus tard, je me dis que je vais checker mes emails (pas encore addicted à l'époque). Et là, réponse à mon email. De là s'ensuit une correspondance régulière (hebdomadaire) et assez intense. On se découvre, on devient "amis" en quelque sorte. Un an, deux ans, on s'écrit. Il m'appelle même un soir. Ah oui, j'ai oublié de préciser: il habite ... en Australie!!!!!! Alors forcément, on n'allait pas exactement se revoir tout de suite. La troisième année, on commence à se donner de moins en moins de nouvelles. Les emails se font plus rares, mais sont toujours là. Il me parle de cette fille (qui semble être bien plus qu'une simple fille) qui a quitté l'Australie pour retourner au Kenya (dont il est originaire... enfin, c'est compliqué, il est perse, mais il est né au Kenya et habite à Sydney) et qui envisage d'aller vivre en Amérique latine. Je ne cerne pas bien s' il est profondément affecté ou non, R. est très discrèt sur sa vie perso. On parle de tout, mais pas trop de "ça". Et les mails se font plus rares...et plus rares... Et puis un jour, je me rends compte que nos emails sont en voie d'extinction. Je réagis, lui renvoie un email, le sommant, le suppliant plutôt, de me répondre et de me donner de ses news. Silence radio. (les hommes sont très forts avec le silence radio) Quelques mois plus tard, je ne désespère pas, j'en renvoie un autre. Silence radio. Et puis un jour, je me connecte à MSN et je vois qu'il est en ligne. Je me réjouis en me disant que nous allons pouvoir communiquer, que je vais ENFIN avoir de ses nouvelles. Mais j'ai à peine le temps de dire "ouf" qu'il se déconnecte aussitôt. J'en arrive donc à la conclusion, logique mais néanmoins blessante, qu'il ne souhaite plus avoir de contact avec moi. Soit. Les mois, les années même passent. Tragédies et grands bonheurs. La vie continue. Jusqu'au jour où j'ai l'opportunité de venir vivre à Exiland pour un an. Bien sûr, dès que j'ai récupéré internet à la maison, j'ai immédiatement installé Skype. Je parle avec mon meilleur ami quasiment tous les jours via Skype depuis une semaine. Et puis, je reçois des messages de mecs qui n'ont rien compris (ou qui tentent leur chance, tout simplement) et que je boycotte. Avant hier, j'ai reçu une demande "d'acceptation dans ma liste de contacts" d'une fille avec qui j'étais en maîtrise FLE et qui habite désormais... en Australie. Présage? Et aujourd'hui, quand j'ai cliqué sur l'icône info de cette personne qui me demandait de l'ajouter à mes contacts, je suis tombée sur une photo: deux mains, posées l'une sur l'autre, avec deux belles alliances à chaque annulaire... "P. et R., Chili, langue: anglais". Et là, des années d'incompréhension s'envolent... Je comprends mieux le silence radio. Ecrit par Boubou, le Samedi 1 Octobre 2005, 19:21 dans la rubrique "Jour après jour".
Commentaires :
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Ils ont eu le génie...
"En se plaignant on se console, et quelques fois une parole,nous a délivrés d'un remord" (A.De Musset)
"Espérer le meilleur...Mais s'attendre au pire!" (?)
"One ring to rule them all, one ring to find them, one ring to bring them all, and in the darkness bind them..." (JRR T)
"Oh Dieu, vraiment, as -tu pu croire, que je préférais sous les cieux, l'effrayant rayon de ta gloire, aux douces lueurs de ses yeux?" (V.Hugo)
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à 23:20